Pourquoi j'ai peur du temps.

Le temps est l'atout le plus précieux que nous ayons et une fois qu'il passe, il ne revient jamais. Cette année, j'ai eu 24 ans et je n'étais vraiment pas emballée à ce sujet. Je vieillis... Je pense que comme moi, beaucoup de gens ont choisi un âge qu’ils considèrent comme leur "prime", leur meilleure période, leur sommet. Cela pourrait être 18, 21, 25, 30 ans - peu importe. Mais quoi que ce soit, c'est l'âge que nous idéalisons. C'est l'âge que nous souhaitons avoir encore et pour toujours. Pour moi, cet âge est 21 ans. 

Jusqu'à mes 21 ans, j'étais  tellement enthousiasmée par les anniversaires. Le monde était plein d'espoir et de possibilités - j'avais la sensation de pouvoir tout remettre à demain car qu'il me restait encore beaucoup de temps pour réaliser mon potentiel et tout ce que je rêvais d'accomplir. J'avais l'impression que la vie était de mon côté. Je vivais dans un studio vraiment cozy dans l'une des plus belles villes du monde : Paris. J'allais à l'université, je sortais les mercredis soirs dans les fêtes étudiantes et parfois le vendredi ou samedi soir. Je pouvais finir une saison de ma série favorite en 3 jours. Je me permettais de sécher le cours de 8h le lundi matin quand il faisait trop froid (je ne suis pas un bon exemple, je sais). J’avais des vacances tous les 2 mois, autant dire que je voyageais beaucoup et je dépendais totalement de mes parents. J'ai eu la chance de ne pas avoir besoin de faire de job étudiant alors je vivais seulement la vie. Le bon vieux temps quoi ! Et puis... un matin j'ai eu 24 ans. Un travail dans lequel je me sens bien mais qui me prend tout mon temps. Je termine à minimum 19h00 les jours de semaine, après je dois faire du sport et à 22 heures je suis trop k.o pour regarder une série ou sortir voir des amis. Je m'assume financièrement à moitié donc je fais attention à mes dépenses et j'ai un mois de congés annuel. Changement de décor total ! Le jour de mes 24 ans, j'ai commencé à me dire que je ne vivais pas vraiment la vie que je m'étais imaginée vivre à cet âge là. Et chaque année passée, ma «prime» me fait penser à une nouvelle année d’occasions manquées et de potentiel inexploité. Une autre année de choses que je n’ai pas faites et d’ habitudes auxquelles je n’ai pas adhéré .

Je sais que tout cela semble un peu scandaleux - se sentir  vieux à 24 ans c'est débile. Et honnêtement, je me sens un peu stupide d’avoir écrit à ce sujet, mais je sais que je ne suis pas seule. En plus, tout ça est vraiment drôle - c'est moi qui ai décidé que 21 ans devait être mon "prime". Mais ce n'est pas vraiment surprenant. On nous dit constamment que plus nous sommes jeunes et plus la vie est belle. Les femmes (et les hommes) mentent à propos de leur âge. C'est 'impoli' de demander à quelqu'un l’âge qu’il a. Il y a un million d'articles sur la façon de paraître plus jeune, de se sentir plus jeune, d'agir plus jeune... Les gens parlent de la vieillesse comme d’une sorte de fléau qu’ils essaient désespérément de combattre. Il y a des tonnes et des tonnes de produits qui vous «répareront» les signes de vieillesse apparents . Et il y a le botox qui sera surement un bon copain à moi d'ici une quinzaine d'années.

Jeune est cool. Vieux est ennuyeux.

Mais pourquoi être âgé n'est pas mieux ? C'est un privilège de vieillir non ? Vieillir est inévitable et est en fait l’idéal - si vous ne vieillissez pas, vous êtes mort. De plus, il faut des années d'efforts constants et persistants pour atteindre votre potentiel. Ce qui signifie que vous devenez plus âgé. Ce «succès instantané» dont les médias adorent parler n’est pas vraiment une réalité. Je pense que je concentre trop d’énergie à souhaiter être plus jeune parce que je cherche le sentiment que le temps est de mon côté. Je me plaignais de mon ressenti à mon père l'autre jour et il m'a dit que peu importe l'âge, tant qu'on est vivant on a pas atteint le sommet. On est pas obligé de passer le reste de notre vie à nous souvenir de comment nous étions à 18, 21, 25, 30 ans - peu importe. C'est effrayant de ressentir ce sentiment d'urgence qui vient avec la prise de conscience du fait que notre vie n’est pas illimitée, mais c'est aussi un excellent facteur de motivation. Alors je ne prends plus l'habitude d'attendre .

Quand tu es jeune, l'avenir est hors de porté. Plus nous vieillissons, plus nous sommes enclins à tomber dans des habitudes et des modes de vie qui induisent une sieste par exemple. Nous devenons moins attentifs à notre environnement, moins disposés à essayer de nouvelles choses. Je sais que la jeunesse et la beauté ne sont pas les deux seules qualités qui définissent qui je suis, mais cela ne signifie pas qu'elles me manqueront moins une fois qu'elles auront flétries.

Comme dit Lana Del Rey: "M'aimeras-tu encore quand je ne serai plus jeune et belle?" (Oui, je suis en train de dire que je me trouve mignonne. Come on, nous sommes en 2019, si je ne m’aime pas moi même qui va m’aimer ?). J'ai peur de vieillir et de tout ce qui va avec c'est comme ça.

Ne plus être “soi” physiquement

Même si je suis une partisane du “mets la tenue vestimentaire que tu veux, quand tu veux et ou tu veux", je suis également consciente que le fait de porter une robe moulante quand on est jeune à plus d'avantages que lorsqu'on prend de l'âge. Les petites filles te regardent et veulent être comme toi plus tard. Les hommes plus âgés regardent et souhaitent êtres avec toi. Les mamans se remémorent comment elles étaient à ton âge... Je sais qu'un jour, je regarderai en arrière le corps que j'avais auparavant et la personne que j'étais dans ce corps. Elle va me manquer c'est pour cette raison que je suis en maillot de bain la moitié de l'année lol.

Devenir ennuyante

J'ai peur de m'installer dans une routine. De m'éloigner de la nouveauté et devenir moins intéressante. Toutes mes amies finiront par se marier et je finirai par les perdre au profit des hommes et des bébés. Ma vie deviendra une chaîne sans fin de dîners de répétition, de mariages et de baby showers. C'est aussi bien, mais assez gnangnan non ? Et bien que je sois heureuse pour mes amies, nos folies me manqueront aussi. D'ailleurs je commence à ressentir "l'ennuie". Faire la même chose chaque semaine, être dans une routine au point ou souvent le weekend je suis trop fatiguée pour sortir. Je me surprends même parfois à penser à avoir une mini-moi. C'est incroyable.

Ne pas être à la hauteur

Avec autant de pression pour être «parfait» et si peu de temps pour façonner cette perfection, comment peut-on ressentir autre chose que de la peur ? Peur de tomber. Peur d'être juste "assez", mais par la suite rien de remarquable.

Est-ce que dans l'avenir je serais attristée par toutes les choses que je n'ai pas accomplies et je me sentirai naze pour celles que j'aurais accomplies ?

Je ne peux pas savoir avant que je ne sois plus âgée- et c'est probablement la partie la plus effrayante.

Alors j'ai décidé de vivre l'instant présent...